Puisqu'il est temps de souhaiter les
meilleurs vœux à tous et de célébrer les mois à venir comme le
temps d'une proche utopie, au-delà de la santé la meilleure qui
soit, du bonheur qui n'a pas besoin de technologies et d'une
prospérité qui tient autant à nos facultés d'invention qu'au
hasard, faisons un vœux et un seul.
C'est un vœu modeste qu'on aurait pu
formuler depuis longtemps, et qui d'ailleurs a souvent été formulé.
Il n’appelle à aucune révolution même s'il est aussi un moyen de
rétablir une certaine justice. Il est d'une actualité brûlante
alors que le père noël vient de déposer par millions tablettes et
smartphones dans les chaussettes de nos parents.
Ce vœu est qu'un vaste
programme de mise en place de réseaux wifi ouverts et gratuits
soient mis en œuvre dans tous les lieux publics où les foules se
croisent : les gares et pas que les grandes mais aussi les
petites de province, les aéroports bien sur, et les places de
village, et les aires d'autoroutes, et les grandes avenues, les
écoles et les administrations, les arrêt de bus et j'en oublie. Que ce plan soit
assuré et financé de concert par l'Etat, les régions, les
municipalités, les grandes entreprises ( encore nationales), et
pourquoi pas aussi par les opérateurs qui ont faillis en ce domaine
( ne retenant de l'innovation ouverte que ce dont ils pouvait
bénéficier et se précipitant dans la privatisation de l'espace),
tant mieux ! Un vœux aussi simple mérite tout de même quelques
explications.
La première est toute simple :
alors qu'une large part de la population s'est équipée en terminaux
mobiles les ressources de connexion sont en de nombreux points tout à
fait inefficaces. Les réseaux Télécom sont bien souvent en-deçà
d'une capacité acceptable – juste pour mention sur la ligne TGV
sud ouest la durée de connexion utile ne dépasse guère 20mn sur
5heures de trajets ; et la ligne A du RER est muette aux heures
de pointe. Nous aurions d'ailleurs grands besoin de connaître avec
plus de précision la cartographie de la connectivité de qualité (Le rapport de l'arcep est de ce point de vue instructif : le taux de connexion continu sur 2 mn est à peine de 58% dans les TGV et de 74% dans les trains de banlieue - où est la mobilité?).
Il ne s'agit pas seulement de recevoir quelques mails, mais de
pouvoir avec une relative fluidité accéder à son cloud personnel !
La seconde est qu'à ne compter que sur
les ressources privées, une large partie de la population équipé
en smartphones et autres tablettes est de fait déconnectées :
tous n'ont pas un équipement doté de 3G et se contente du bon vieux
wifi. Les hordes de lycéens et d'étudiants n'ont certainement pas
les ressources pour se payer les abonnements à 50 euros et plus. Et
parmi les autres si les plus modestes ont pu à prix d'or s'équiper,
peu probable qu'ils puissent supporter un second ou troisième
abonnement. C'est pour cela que les consommateurs achètents
des terminaux nus d'ailleurs.
Les deux premiers éléments conduisent
à réduire la valeur de ces objets à peu de choses. Que vaut une
tablette qui ne se connecte qu'à la maison ? Une sorte de
programme TV de Luxe ? Une télécommande en image ?
L'objet en soi vaut que s'il est connecté partout et à tous moment.
Les 18 millions de smartphones
et tablettes achetées depuis deux ans représentent en fait un
investissement des ménages dans l'économie numériques. Il est de
l'ordre de 8 à 9 milliards d'euros par an, soit quatre fois plus ( pour la partie numérique) que le grand emprunt . Il serait temps d'en recueillir les
dividendes.
Et c'est notre dernier argument. Si
l'on espère que les services et applications se multiplient dans
leur diversité et leur diffusion, faut-il encore qu'ils puissent
être utilisés ! Et ce ne sont plus des autoroutes de
l'information dont nous avons besoin, mais d'en multiplier les
bretelles. C'est à cette condition que l'usage des appareils sera
optimum, que les applications qui fondent la fortune future des
start-up soient pleinement utilisée, que l'effort multicanal des grandes entreprises soit justifié,
qu'on améliore vraiment la qualité des services publics par le digital. Sans fluidité et accessibilité les trouvailles de l'économie numériques se limiteront à
des gadgets publicitaires, sans contribuer aux gains de
productivité indispensables à la croissance.
Stimuler l'innovation c'est aussi créer la demande pour cette innovation. Le wifi pour tous, public et ouvert, n'est pas un concurrent aux réseaux mobiles, il en est le complément. L'effort n'est pas nul, loin de là, mais sans doute encore largement insuffisant. On sera surpris en cherchant sur les mots clés " carte wifi gratuit france" que les cartes datent souvent de 2006/2008, que les plus récentes sont les wifi faussement gratuits des opérateurs. Et pour qui sillonne la France depuis des années, on aura remarquer la fermeture et la privatisation progressives des réseaux. Il y a des progrès qui prennent le visage d'une régression, il faut souvent se réfugier au Mcdo du coin pour enfin pouvoir se connecter!
Et c'est bien de celà qu'il s'agit : pouvoir se connecter librement sans se réfugier. En attendant des cartes telles que celle de Wigle pourrait être utiles pour faire le point ainsi que des outils tels que ceux de Ekahau. La question clé, ne nous lassons pas de le répéter, est quel est le degré véritable de couverture et d'accès aux réseaux là où nous en avons et nous en pourrions véritablement avoir le besoin.
Et c'est bien de celà qu'il s'agit : pouvoir se connecter librement sans se réfugier. En attendant des cartes telles que celle de Wigle pourrait être utiles pour faire le point ainsi que des outils tels que ceux de Ekahau. La question clé, ne nous lassons pas de le répéter, est quel est le degré véritable de couverture et d'accès aux réseaux là où nous en avons et nous en pourrions véritablement avoir le besoin.